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Carte blanche à Claude Marquié, historien

11 Jan 2024

Cent ans de "Lycée impérial" (1853-1960)

L’imposant immeuble qui se dresse au 89 rue de Verdun porte fièrement le nom de « lycée » auquel on adjoint souvent l’adjectif d’impérial. Encore faut-il ne pas confondre les empereurs.

Claude Marquié, historien

Avec l’Université impériale, Napoléon Ier avait organisé un système d’enseignement contrôlé par l’État d’une façon très centralisée, avec un seul lycée par académie, qui pour notre région se trouvait à Montpellier.

DU COLLÈGE MUNICIPAL…

Dans ce cadre, Carcassonne était doté d’un collège royal, qui amenait les élèves jusqu’à l’équivalent de notre classe de première, après quoi 4 ou 5 d’entre eux, choisis par le préfet en fonction des idées politiques de leurs parents, pouvaient tenter d’obtenir le baccalauréat au chef-lieu de l’Hérault. Cet établissement occupait les anciens locaux du collège des Jésuites, datant du XVIIe siècle, dont subsistent notre Auditorium et quelques vestiges. Les frais de fonctionnement étaient assurés par la municipalité et les parents, qui déboursaient 50 à 800 francs par an, suivant que l’élève avait un statut d’externe ou d’interne.

… AU LYCÉE IMPÉRIAL.

Pendant 40 ans, les autorités locales réclamèrent à l’État la création d’un lycée, finalement accordée par Napoléon III le 19 août 1853. Un investissement de 300 000 francs permit à la municipalité d’entreprendre d’importants travaux. En effet, si le nouvel établissement engloba le collège, plusieurs maisons furent abattues rue Littré et rue de Verdun, afin de réaliser des bâtiments encadrant l’actuel parking, baptisé grande cour, tandis que la petite cour était réservée aux élèves des classes terminales.

La réussite fut au rendez-vous, puisque ce lycée, le seul du département, comptait 400 potaches en 1870 et 700 en 1914, dont seulement 25 furent reçus au baccalauréat. La scolarité, toujours payante, pouvait s’élever à 864 francs par an, alors que le salaire ouvrier était de 1,50 franc par jour, si bien que les trois quarts des parents étaient d’importants notables, auxquels s’ajoutaient des membres des classes moyennes ou supérieures (médecins, enseignants…).

Lorsque la gratuité fut instituée, en 1933, fut mis en place un examen d’entrée en 6e, constituant en fait un concours en fonction des places disponibles, auquel les élèves du petit lycée étaient particulièrement bien préparés. En effet, l’établissement comprenait une école élémentaire complète, mais les locaux s’avérant exigus, les édiles firent en 1879 l’acquisition de l’École des Frères, rue Aimé Ramond qui, devenu le petit lycée, hébergea également les classes de 6e et 5e, dont les membres pouvaient gagner le grand lycée où était dispensé l’enseignement à partir de la classe de 4e  par un souterrain qui faisait la joie des adolescents.

Le Lycée Paul Sabatier

Avec l’explosion démographique due au « baby-boom » qui suivit la Libération, l’ensemble de ces constructions s’avéra insuffisant et parfois vétuste, puisqu’une partie comptait 300 ans d’âge. Fut alors construit un nouvel établissement, occupé progressivement à partir de 1960 qui conserva le nom de Paul Sabatier (1854-1941) donné peu auparavant au vieux « bahut » en l’honneur du prix Nobel de chimie décerné à ce savant en 1912. Dès lors, le grand lycée devint jusqu’à nos jours la Maison des associations, et le petit lycée la Maison des Jeunes et de la Culture.

Bibliographie : Marquié (C.), L’enseignement secondaire dans l’Aude au XIXème siècle (1789-1914), Archives départementales de l‘Aude, 1997.

Dates clés

1853 : Construction du Lycée impérial (89 rue de Verdun)

1960 : Construction du Lycée Paul Sabatier et fermeture du lycée impérial qui deviendra la Maison des Associations et le petit lycée de la MJC

2023 : Le bâtiment de l’ancien lycée impérial retrouvera sa fonction d’origine suite aux travaux réalisés par la Ville, en redevenant un lieu d’enseignement avec l’arrivée de l’IUT Tech de Co et STID et ses 300 étudiants.