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1814 : cette année là, la France vient de vivre des moments historiques forts : l’abdication de Napoléon le 6 avril, l’entrée de Louis XVIII à Paris le 3 mai. La restauration succède à l’Empire.

le 28 octobre 1814, l’ingénieur en chef du corps royal des Ponts et Chaussées Georget adresse une lettre au Préfet de l’Aude, le Baron Trouvé, dont voici un extrait : « Dans toutes les villes de France il a été célébré des services expiatoires en mémoire du bienheureux Louis XVI. Le département de l’Aude n’a pas été le dernier a donner l’exemple de ce triste devoir ; plusieurs villes élèvent des monuments pour laisser à la postérité des témoignages de leurs regrets et de leur repentir ».

Il propose au Préfet d’élever une colonne funèbre en marbre de Caunes au milieu d’une place à construire sur les champs des sieurs Albarel et David situés à proximité du port du Canal.

L’ingénieur écrit : « La colonne existe dans les carrières de Caunes à choisir parmi les trois qui furent acquises et exploitées par ordre de Louis le Grand, destinées dit-on au petit Trianon »

Le plan annexé à la lettre est intitulé : « Esquisse du projet d’une place à construire dans la ville de Carcassonne et sur laquelle serait élevée une colonne à la glorieuse mémoire de Louis XVI° »

Cette place serait entourée de maisons à 2 étages « d’une structure simple et d’égale symétrie ». Les années passent, l’histoire suit son cours, le 20 mars 1815, Napoléon entre dans Paris ; le 22 juin, il abdique, le 9 juillet, Louis XVIII revient dans la capitale, c’est la seconde restauration.

A Carcassonne, l’édification de la place n’était pas perdue de vue ; par délibération du Conseil Municipal des 23 juin 1819 et 3 juin 1821 complétées par une ordonnance du roi du 22 août 1821, la création de la place dite « au port » fut décidée. Un autre projet daté du 10 décembre 1821 était proposé par l’architecte de la ville Jean-François Champagne ; Il comportait toujours la colonne mais dédiée à Louis XVIII et agrémentée par 2 fontaines en marbre blanc construites en Italie ; L’ensemble complété par des parterres gazonnés et des arbres au nord et à l’ouest. Le Maire de Caunes n’était pas d’accord sur la cession de la colonne ; Cette dernière, écrit-il au Préfet, était destinée à orner la fontaine de Caunes après avoir été travaillée, polie et transportée depuis les carrières au village aux frais de la commune.

Le transport de la colonne de Caunes à Carcassonne fut mis en adjudication par la Préfecture le 2 décembre 1820. L’entrepreneur était tenu de construire un chariot conforme au plan dressé par l’architecte. Le chariot constitué de 4 roues de 1,89 mètres de diamètre serait tiré par huit fortes bêtes de trait. Ce transport effectué vraisemblablement en mars 1821, nécessita l’exécution d’importants travaux de réfection de la route, en particulier dans la traversée de la rivière à Villegly. Le voyage dura 2 jours ; 6 hommes accompagnaient le convoi.

La pose de la première pierre du monument prévue le samedi 3 mai 1823 fut effectuée par le Baron Saint-Hilaire Angellier, préfet du département de l’Aude en présence de Monsieur Charles de Fournas, Maire de la Ville. Dans les fondations du piédestal de la colonne fut aménagé un logement dans lequel devait être placée une boîte contenant plusieurs médailles ainsi que l’avait demandé le Maire de Carcassonne au Préfet.

Les médailles provenant de la Bibliothèque de la Ville étaient les suivants :

Celle qui rappelle l’entrée de sa Majesté dans Paris le 3 mai 1814.

Celle frappée à l’occasion du mariage de SAR le Duc de Berry.

Celle qui représente l’érection de la statue équestre d’Henri IV.

Celle portant la devise : Ludovico reduce Meurieux Redivivus.

Celle destinée à perpétuer le souvenir des victoires de Louis XIV.

Celle relative au rétablissement du Crédit Public.

De plus un parchemin dont le texte glorifiait le Roi Louis XVIII, le Duc d’Angoulême et son épouse Marie-Thérèse fille de Louis XVI fut semble-t-il déposé avec les médailles.

La mise en place de la colonne sur son piédestal fît l’objet d’un dispositif de levage impressionnant constitué d’un plan incliné permettant d’accéder à un plancher supportant une énorme chèvre avec poulies, treuils et cordes.

En 1827, le monument n’est pas encore complètement terminé (seule la colonne est dressée sur son piédestal) que celui-ci est l’objet d’actes de vandalismes. « Des dégradations journalières sont occasionnées par les enfants de la basse classe qui, ne fréquentant pas les écoles primaires, sont livrés à eux-mêmes ». Le Maire demandera aux gardes champêtres et aux agents de police d’exercer une surveillance des lieux.

Les 2 fontaines à vasques superposées construites à Carrare par le sieur Nelli furent livrées au cours du 2ème semestre 1828. Transportées par bateau jusqu’à Cette, ensuite amenées à Carcassonne par le Canal du Midi elles furent posées l’une et l’autre au centre d’un bassin sur le nouveau jardin planté d’ormeaux.

Sur chaque piédestal, orné des armes de la Ville basse et de l’écu de France, des inscriptions gravées sur une plaque rappellent cet évènement :

Régnant – Charles X 

M.DCCC.XXVIII

Etant Maire

Monsieur le Baron de Fournas-Moussoulens

Membre de la Chambre des Députés

Chevalier de la Légion d’Honneur

Adjoints : MM. Dominique REBOULD et Jean-Jacques ROUSTIC

Vers 1830, à la fin de la restauration, des travaux d’embellissement furent entrepris : Tracé des allées, plantations d’arbustes, parterres de fleurs, aménagements poursuivis sous le Second Empire.

Au cours des premières années du XXe siècle, le jardin allait se transformer : Plantations de palmiers et autres arbres d’essences diverses et création de pelouses. De plus une balustrade devait agrémenter le jardin côté canal et une murette serait construite le long de la route nationale 113. Ce n’est que plusieurs années après, en 1923 qu’il fût projeté de remplacer la murette « sans caractère » côté RN 113 par une balustrade ainsi que la partie face à l’hôtel Terminus qui était dépourvue de clôture.

A la fin du XIXe siècle s’était constitué un comité ayant pour vocation l’érection d’un monument commémoratif aux Audois morts pour la patrie. La municipalité avait choisi comme emplacement le haut du jardin des Plantes à proximité du « kiosque de la forêt ». Le 29 octobre 1905 avait lieu la pose de la première pierre en présence de MM. Dujardin-Beaumetz, Secrétaire d’Etat aux beaux-arts, Camille Pelletan ministre de la marine, Jules Sauzède, maire de Carcassonne, de nombreux carcassonnais assistaient à la cérémonie. Finalement le monument sera installé place Davilla, en bout du boulevard de Varsovie et inauguré le 12 juillet 1914.

Le même jour une autre manifestation présidée par les personnalités citées plus haut concernait l’inauguration du monument élevé à la mémoire d’Omer Sarraut, maire de la Ville en 1887, mort prématurément à l’âge de 43 ans, victime d’un mal contracté dans l’exercice de ses fonctions. Situé à l’entrée du jardin, le monument, œuvre du sculpteur Ducoing comprenait une fontaine monumentale surmontée au sommet d’une stèle du buste d’Omer Sarraut ; des personnages allégoriques entouraient le buste.

En 1942, les Allemands récupérèrent tous les éléments en bronze de la fontaine sauf le buste d’Omer Sarraut qui fut caché en lieu sûr et remis en place après la guerre. A l’occasion des travaux de construction du parking souterrain en 1986, la fontaine qui avait été au cours des dernières années recouverte de terre et transformée en horloge fleurie, retrouvait sa fonction première ; à nouveau l’eau jaillit et coule en cascade sur les marches du monument.

Henri ALAUX – Carcassonne Ta Ville – mai 1998

Le jardin André Chénier aujourd'hui

Le Maire de Carcassonne Gérard Larrat a inauguré le samedi 23 juin 2018, le nouveau square André Chénier. Un chantier débuté en décembre 2016 et réalisé en seulement 18 mois.

L’aménagement du square André Chénier et de l’avenue Joffre, s’inscrivait également dans le cadre de l’Opération Grand Site et de sa volonté d’aménager et de magnifier la liaison « Cité-Bastide-Canal du Midi ». Sa conception s’intégrait dans une réflexion plus globale qui concernait également l’aménagement du pont Marengo et du parvis de la gare SNCF.